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Retour au travail : Principales considérations pour les employeurs français

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Retour au travail : Principales considérations pour les employeurs français

Le 8 mai 2020, le ministère du travail a publié un protocole national pour les employeurs visant à garantir la santé et la sécurité des employés après la fin du verrouillage des portes (le « protocole national »), qui contient des règles spécifiques prenant en considération certaines activités et certains rôles professionnels (par exemple, les employés travaillant dans les magasins, dans la logistique). Le ministère du travail a également élaboré des règlements spécifiques pour les employés travaillant à domicile, car les employeurs sont fortement encouragés à continuer à autoriser leurs employés à travailler à distance lorsque cela est possible. Les employeurs doivent se familiariser avec les orientations publiées, entre autres, par le ministère du travail, ainsi que par les organismes sectoriels concernés (tels que les associations ou les syndicats) et les organisations professionnelles.

L’obligation des employeurs de garantir la santé et la sécurité au travail
Le droit du travail français impose aux employeurs de protéger la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs par la prévention, l’information/la formation et l’adaptation de l’organisation et des moyens de travail.

Les employeurs doivent pouvoir prouver qu’ils ont fait leurs meilleurs efforts pour y parvenir.

Dans le cadre de la COVID-19, le ministère du travail a indiqué que, sous réserve du pouvoir souverain des juges, les employeurs ne devraient pas être tenus responsables s’ils ont correctement suivi les recommandations et les règlements partagés par le ministère du travail.

Il est à noter que le Comité économique et social (« SEC » – organe de représentation des salariés élu dans les entreprises françaises) doit être informé et consulté avant tout changement dans la gestion générale de l’entreprise et, comme les employeurs doivent adapter leur organisation dans un délai court pour faire face à la problématique de la COVID-19, un décret gouvernemental1 a adapté les délais dont bénéficie normalement le SEC pour rendre un avis dans un délai plus court lorsque la consultation concerne des décisions de l’employeur visant à faire face aux conséquences économiques, financières et sociales de la pandémie COVID-19. Sur ces aspects et jusqu’à la fin août 2020, la SEC est censée rendre son avis dans un délai compris entre huit jours et douze jours (au lieu d’un mois à deux mois pour la plupart des cas).

L’avis de la SEC sera notamment requis avant d’adapter le règlement intérieur pour y inclure les nouveaux règlements découlant de la crise COVID-19.

Le protocole national
Le protocole national rappelle aux employeurs qu’ils doivent le faire :

Éviter l’exposition des travailleurs au COVID-19 ;
Évaluer les risques qui ne peuvent être évités (par la révision du document d’évaluation des risques, connu sous le nom de « DUER ») ;
Privilégier les mesures collectives de protection des salariés par rapport aux mesures individuelles.
En particulier, les employeurs doivent continuer à soutenir les employés travaillant à domicile dans la mesure du possible ; au contraire, si la présence physique des travailleurs sur le site est nécessaire, l’employeur doit séquencer les activités et mettre en place des horaires échelonnés afin de respecter les règles relatives à la distance physique.

Ce n’est que lorsque les changements d’organisation susmentionnés ne suffisent pas à garantir la santé et la sécurité des travailleurs que l’employeur doit prévoir des mesures de protection individuelle, telles que l’utilisation de masques.

Les employeurs ne sont toutefois pas censés tester ou prendre la température des travailleurs, sauf dans des circonstances très spécifiques et cela fait l’objet de précautions particulières.

En tout état de cause, les employeurs doivent absolument impliquer toutes les parties concernées pour définir les meilleures actions de lutte contre la propagation du virus compte tenu des spécificités de l’entreprise et de l’activité, telles que l’administration du travail, les services de médecine du travail mais surtout les partenaires sociaux des employeurs (CSE – ancien comité d’entreprise – et délégués syndicaux).2

Enfin, les travailleurs doivent être correctement informés et formés, sur une base régulière, et ils doivent pouvoir faire part de leurs préoccupations à l’employeur afin de maintenir une confiance suffisante dans la capacité de l’entreprise à continuer à gérer un environnement de travail sûr.

Les principales recommandations, mesures et actions prévues par le protocole national peuvent être résumées comme suit :

Les mesures d’entrave et la distance physique
Ces mesures et actions sont considérées comme la principale voie pour réussir la fin du verrouillage et la reprise des activités sur place.

Ces mesures et actions sont les suivantes : se laver les mains, ne pas toucher le visage, utiliser des mouchoirs jetables en cas de maladie, éviter de serrer les mains/les bras, garder une distance d’au moins un mètre et un périmètre de quatre mètres carrés autour de chaque personne, ventiler les locaux, nettoyer régulièrement les objets et surfaces touchés, porter des gants, rester chez soi en cas de symptômes évoquant la COVID-19 et contacter un médecin et ne pas surveiller la température des personnes (mais inviter les personnes à le faire elles-mêmes).

Recommandations pour calculer le nombre maximum de travailleurs présents sur le site
Les employeurs doivent respecter un gabarit de quatre mètres carrés par personne, garantissant une distance minimale d’un mètre autour d’une personne. L’employeur doit donc calculer le nombre maximum de personnes dans les locaux en utilisant ce paramètre en fonction de la surface totale des locaux selon une formule spécifique.

Exceptionnellement, lorsqu’il existe un risque de non-respect de ce paramètre, des mesures complémentaires doivent être prises, comme le port d’un masque.

Gestion des flux de travailleurs
Les employeurs doivent mettre en place des plans de circulation pour garantir la distance physique, gérer et éviter l’affluence des travailleurs, des employés, des clients, mettre en place de nouvelles règles d’utilisation des ascenseurs, fournir des directions de flux (entrée et sortie) et, plus généralement, prévoir de nouvelles pratiques d’utilisation des locaux (par exemple, flux dans les couloirs, portes ouvertes, lieux de pause, salles de réunion, cloisons).

Équipement de protection individuelle
La règle générale en ce qui concerne les équipements de protection individuelle (« EPI ») est de les utiliser, lorsque les mesures collectives (I à III ci-dessus) ne peuvent pas être mises en œuvre ou ne sont pas suffisantes pour protéger les travailleurs. Le protocole national souligne qu’il est difficile d’installer correctement les EPI, que ces équipements donnent un faux sentiment de sécurité et qu’ils pourraient compromettre le bon respect des mesures de protection et de la distance physique.

Le protocole national recommande en outre l’utilisation de masques (les différents types de masques) et d’autres EPI tels que les gants.

Les employeurs ne peuvent imposer des masques et des gants que lorsque les mesures de barrière primaires et la distance physique ne s’appliquent pas ; sinon, cela ne peut être que facultatif. Les travailleurs doivent également recevoir une notice d’utilisation et doivent recevoir une formation sur l’utilisation des EPI.

Tests de dépistage
Le rôle des employeurs dans la stratégie nationale de dépistage des personnes touchées par la COVID-19 est de continuer à informer les travailleurs de ne pas accéder ou de quitter les lieux lorsqu’ils sont malades et de contacter un médecin pour faire un test de dépistage.

Le protocole national rappelle que les campagnes de tests de dépistage ne sont pas autorisées.

Protocole en cas de situation COVID-19 au travail
Les employeurs sont censés mettre en œuvre des mesures spécifiques pour limiter le nombre de contacts avec un travailleur qui présente des symptômes en informant le médecin du travail et les instructions de nettoyage du lieu de travail ainsi que pour identifier les contacts et leur mise en quarantaine, etc.

Prendre la température
Il n’est pas conseillé de prendre la température à l’entrée des locaux mais il est préférable de demander aux personnes de le faire elles-mêmes (surtout si la fièvre n’est pas systématique dans les cas de COVID-19).

Si l’employeur souhaite toujours prendre la température des personnes qui accèdent aux locaux, il doit modifier son règlement intérieur et respecter certaines règles (notamment, information préalable des salariés, préservation de la dignité, conséquences sur l’accès au site, absence de conservation des données).

Les éléments suivants sont strictement interdits :

Le contrôle obligatoire de la température des employés dès que les données de température sont conservées par l’entreprise ;
La saisie automatique de la température (par exemple, par des caméras thermiques).
Dans tous les cas, un employé peut valablement refuser que sa température soit surveillée et l’employeur qui ne permettrait pas à l’employé d’accéder aux locaux serait obligé de lui verser son salaire.

Nettoyage et désinfection
Le protocole national donne des conseils pour le nettoyage des locaux après leur réouverture et sur une base quotidienne, y compris des indications sur le moment où un désinfectant est nécessaire.

1 Décret n°2020-508 du 2 mai 2020.
2 Il est à noter que la plupart des litiges de ces dernières semaines contre la réouverture des locaux ont été lancés par les syndicats sur la base d’un manque de dialogue social dans l’entreprise pour identifier les règles et les moyens appropriés pour lutter contre l’exposition des travailleurs à la COVID-19.

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