Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, a annoncé les fermetures de frontière dimanche soir lors d’une conférence de presse.

« La propagation du coronavirus progresse rapidement et agressivement… l’une des mesures les plus importantes sera de couper la chaîne d’infection », a déclaré M. Seehofer aux journalistes alors qu’il annonçait les nouveaux contrôles aux frontières.

Les mesures prendront effet lundi à 8 heures (et à partir de 6 heures à la frontière danoise), les marchandises et les frontaliers étant exemptés.

Les citoyens allemands et les personnes ayant un permis de séjour seront autorisés à rentrer dans le pays.

Les personnes « sans raison valable de voyager » et celles soupçonnées d’avoir été infectées par le virus ne seront pas autorisées à franchir les frontières concernées, a-t-il déclaré.

M. Seehofer a souligné que les nouveaux contrôles seraient temporaires et seraient réévalués « de temps en temps ».

Mais le point culminant de la crise du coronavirus n’a pas encore été atteint, a-t-il averti, exhortant les citoyens à éviter tout contact social.

La décision a été prise après que l’Institut Robert Koch, responsable de la santé publique en Allemagne, ait déclaré la région frontalière française d’Alsace-Lorraine comme zone à risque.

« Cela a suscité beaucoup de questions et de troubles dans les États voisins », a-t-il déclaré.

L’Allemagne est l’un des pays les plus touchés par la pandémie de coronavirus. Le pays compte désormais plus de 5 500 cas confirmés de coronavirus, soit un bond de plus de 1 000 par rapport à samedi. Douze décès ont été signalés.

Une source proche de l’affaire avait informé l’AFP plus tôt dimanche des fermetures de frontières prévues, confirmant un rapport dans les médias allemands.

Le tabloïd populaire Bild avait annoncé que les fermetures prendraient effet lundi.

La fermeture des frontières devait non seulement contenir l’épidémie de COVID-19, mais aussi empêcher les achats en gros par des étrangers, qui causaient apparemment des problèmes d’approvisionnement dans les zones autour des frontières, selon Bild.

Limiter au maximum les passages de frontières

La chancelière Angela Merkel et M. Seehofer ont rencontré dimanche les premiers ministres des régions allemandes touchées par la crise afin de convenir des fermetures, a affirmé le journal.

Paris, quant à lui, a déclaré que la décision avait été prise en coordination avec le gouvernement français.

Pourtant, le ministère français de l’Intérieur a insisté sur le fait que la frontière ne serait pas entièrement fermée.

« Nous allons limiter les passages de la frontière au strict minimum, tout en permettant le passage des personnes et des marchandises. Ce n’est pas une fermeture », a déclaré à l’AFP une source du ministère.

Si les mesures allemandes s’appliquent actuellement à cinq pays, d’autres pays voisins comme la Pologne et la République tchèque ont également fermé leurs frontières ou introduit des restrictions sévères.

L’Allemagne avait jusqu’à présent résisté à la fermeture de ses frontières pour ne pas mettre en danger l’accord de Schengen, qui garantit la liberté de circulation entre les pays européens et qui a déjà été mis à rude épreuve ces dernières années par la crise des migrants et la menace du terrorisme djihadiste.

Mais l’Europe étant désormais considérée comme l’épicentre de la pandémie, des appels à la fermeture de la frontière avec la France avaient commencé à se faire entendre peu avant la décision de dimanche.

« La propagation du virus doit être ralentie. La règle de base devrait être la suivante : quiconque n’a pas besoin de traverser la frontière de toute urgence ne doit pas traverser la frontière », a déclaré Thomas Strobl, ministre de l’intérieur du Land de Bade-Wurtemberg, qui a une frontière commune avec la France et la Suisse.