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La France anxieuse défie le coronavirus pour voter aux élections municipales

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La France anxieuse défie le coronavirus pour voter aux élections municipales

Le président Emmanuel Macron, pour qui l’élection à deux tours est un test crucial à mi-parcours, a insisté pour que les élections municipales aient bien lieues ce dimanche, tout du moins en ce qui concerne le premier tour.

« Il faut voter », a déclaré à l’AFP Bernard Gallis, 66 ans, en quittant un bureau de vote par ailleurs vide à Aulnay-Sous-Bois, dans la banlieue parisienne.

« Il n’y a personne ici, et le risque est faible », a-t-il déclaré en se dirigeant vers le bureau de vote où seuls sa femme et six fonctionnaires assis à des tables chargées de brochures de partis politiques étaient présents.

Malgré les nouvelles restrictions annoncées samedi soir, notamment la fermeture de lieux publics non essentiels tels que les cafés, les restaurants, les cinémas et les salles de sport, les bureaux de vote dans tout le pays ont ouvert à 8h00.

Les responsables ont insisté sur le fait que le vote se déroulera dans les conditions sanitaires les plus strictes, malgré la crainte généralisée que les bureaux de vote soient des lieux idéaux de propagation des germes et un risque particulier pour les personnes âgées.

Macron a déclaré jeudi que les scientifiques lui avaient assuré que « rien n’empêchait les Français, même les plus vulnérables, de se rendre aux urnes », à condition que chacun respecte les règles élémentaires de prévention des infections.

Les municipalités ont annoncé diverses mesures pour essayer de garder les électeurs à l’abri de l’infection, notamment la désinfection régulière des isoloirs, la garantie d’une distance de sécurité entre les électeurs qui font la queue, et la fourniture de gels désinfectants pour les mains à l’entrée et à la sortie.

Les bureaux de vote resteront ouverts jusqu’à 1700 GMT, 1800 GMT et 1900 GMT respectivement, selon la municipalité, et un second tour est prévu pour le 22 mars.

Les observateurs affirment que beaucoup de gens sont obligés de fuir l’exercice démocratique par crainte d’être contaminés par le virus, qui a tué des dizaines et infecté des milliers d’autres personnes rien qu’en France.

Selon un récent sondage d’opinion, 28 % des électeurs potentiels en France sont « préoccupés » par le risque que représente le fait de se mêler aux bureaux de vote, souvent situés dans les écoles.

« Il est important en ce moment, en suivant les conseils des scientifiques comme nous l’avons fait, d’assurer la continuité de notre vie démocratique et celle de nos institutions », a déclaré M. Macron.

Quelque 47,7 millions de personnes sont inscrites pour voter dans quelque 35 000 municipalités d’un pays où les maires et les conseillers locaux jouissent d’une grande popularité par rapport aux autres niveaux de gouvernement.

Cette élection sera un test important pour M. Macron, dont le parti a balayé Paris lors de l’élection présidentielle de 2017, mais qui a depuis perdu de sa popularité en partie à cause du style de direction autocratique perçu par son dirigeant et du manque de touche commune.

La capitale française sera le principal champ de bataille, avec la maire socialiste sortante Anne Hidalgo contestée par la poids lourd de droite Rachida Dati et la candidate de Macron, Agnes Buzyn – qui a été parachutée après que son candidat élu, Benjamin Griveaux, se soit retiré à cause d’un scandale de sex-tape.

En France, nombreux sont ceux qui ont remis en question le bien-fondé du vote alors même que le pays a fermé indéfiniment toutes les crèches, écoles et universités, interdit les rassemblements de plus de 100 personnes et exhorté les résidents à limiter leurs déplacements.

Vendredi, la Grande-Bretagne a reporté d’un an ses propres élections locales de mai en invoquant le coronavirus. Mais le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner a défendu la décision de son gouvernement, affirmant qu’il y avait en moyenne un millier d’électeurs dans chaque bureau de vote français.

Et même si le taux de participation est de 60 % – ce qui est élevé – cela signifierait 600 personnes réparties sur 10 à 12 heures selon les communes.

Le risque de voter pour les personnes âgées n’est pas plus grand « que d’aller faire des courses », a insisté Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique français des coronavirus.

« Il est certain que beaucoup de gens seront dissuadés de voter », a déclaré à l’AFP l’historien politique Jean Garrigues, de l’université d’Orléans.

Les sondages ont montré que les jeunes – qui ne sont pas à haut risque de mourir de la COVID-19 – sont les plus susceptibles de la brandir comme une raison de ne pas voter.

Même si ce n’est qu’un prétexte pour les politiquement apathiques, cela pourrait avoir un impact sur les partis que les jeunes sont plus susceptibles de soutenir — les Verts et l’extrême gauche France Unbowed, a déclaré Jean Garrigues.

Les personnes âgées, même si elles sont plus motivées à voter, pourraient finir par se tenir à l’écart par peur, privant ainsi de leurs voix des partis tels que les Républicains de droite ou la République en mouvement (LREM), un parti de centre-droit de Macron.

Cela signifie que les répercussions politiques d’une forte abstention électorale chez les jeunes et les personnes âgées pourraient s’annuler mutuellement, a déclaré M. Garrigues.

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