Accueil Société France Au milieu de vives critiques, Emmanuel Macron annonce des plans pour aider le secteur culturel français pendant la pandémie

Au milieu de vives critiques, Emmanuel Macron annonce des plans pour aider le secteur culturel français pendant la pandémie

0
Au milieu de vives critiques, Emmanuel Macron annonce des plans pour aider le secteur culturel français pendant la pandémie

Le président français Emmanuel Macron a annoncé hier, lors d’une vidéoconférence, son intention de soutenir le secteur de la culture. Dans son discours, auquel ont participé 12 artistes dont Laurent Grasso, et d’autres du secteur des arts de la scène, M. Macron a ajouté qu’il prévoit de « reconstruire une ambition culturelle pour le pays […] que le gouvernement mettra rapidement en œuvre ». La conférence s’est déroulée dans un contexte de fortes critiques sur le manque de soutien du gouvernement français au secteur artistique.

Parmi les engagements pris par le président figure « un vaste programme de commandes publiques », allant de l’art contemporain aux arts du spectacle et à l’artisanat. « Je pense en particulier aux créateurs de moins de 30 ans », a ajouté M. Macron. Il a également annoncé des plans pour que certains artistes travaillent dans les écoles jusqu’en juillet avec des petits groupes de dix enfants pendant une ou deux heures par semaine et pour que les artistes travaillent avec les enfants dans les camps d’été afin d’engendrer « une révolution dans l’accès à la culture et à l’art ».

A l’issue de la réunion, qui comprenait des propositions du ministre de la culture Franck Riester, du ministre de l’économie Bruno Le Maire et de la ministre du travail Muriel Pénicaud, M. Macron a déclaré « Nous allons rouvrir les musées, les librairies, les disquaires et les galeries d’art », selon le quotidien français Le Figaro. « Beaucoup de choses vont pouvoir redémarrer mais en s’adaptant aux contraintes de l’épidémie pour que le coronavirus ne recircule pas à plein régime ».

La vidéoconférence a été organisée en réponse au mécontentement suscité par le manque apparent de soutien du gouvernement au secteur culturel. Le 30 mai, plusieurs centaines de personnes travaillant dans les arts du spectacle ont signé une lettre ouverte adressée à Macron, critiquant le Premier ministre Édouard Philippe pour avoir « oublié le secteur culturel » dans lequel travaillent 1,3 million de personnes en France. La lettre, publiée dans Le Monde, critiquait également Riester pour le flou de sa « formule » visant à « mettre l’art et la culture au cœur de la société ».

L’article demandait un « plan précis » quant à la date de réouverture des grands musées, des salles de concert, des théâtres et des cinémas. Il demandait également que les « intermittents du spectacle » – acteurs, interprètes, musiciens et techniciens du secteur des arts du spectacle, dont les moyens de subsistance ont été mis en péril par l’annulation de festivals et d’événements – voient leurs droits au chômage étendus. Hier, M. Macron a cédé aux pressions et a déclaré que ces travailleurs, qui ont un statut spécial en France, verront leur régime d’allocations de chômage (calculé sur le nombre d’heures travaillées) prolongé jusqu’en juillet 2021.

M. Grasso, qui est représenté par la Galerie Perrotin, a déclaré qu’il était heureux de pouvoir participer à la vidéoconférence. « C’est un progrès, c’est bien que les artistes soient intégrés [dans la discussion]. Inviter des artistes à réaliser des œuvres d’art me rappelle le programme New Deal », dit-il, en faisant référence aux programmes New Deal et aux projets artistiques mis en place pendant la Grande Dépression aux États-Unis, après l’entrée en fonction du président Roosevelt en 1933, pour rétablir la prospérité. « Nous, en tant qu’artistes, devons penser stratégiquement et maintenir un dialogue avec le gouvernement ».

Mais M. Grasso s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles des commandes publiques sont proposées aux artistes de moins de 30 ans : « Les artistes de tous âges devraient être aidés ; souvent, les artistes plus âgés ont plus de difficultés que les plus jeunes car ils n’ont pas de pension. Je serais partisan d’une campagne de commandes publiques qui impliquerait tous les domaines artistiques et servirait à interroger cette crise et le monde de demain ».

Cependant, certains artistes ont dénigré les promesses de Macron. « La culture n’est pas la priorité du gouvernement, c’est l’économie, et jusqu’à présent nous n’avons vu aucune idée émerger du ministre de la culture, ce qui est une catastrophe pour les arts visuels », déclare l’artiste français Claude Lévêque. De même, Xavier Franceschi, le directeur du Frac Île-de-France à Paris, déclare : « Malgré ce plan de nouvelles commandes publiques et d’interventions artistiques dans les écoles, nous sommes affamés. Pourquoi les artistes visuels devraient-ils toujours être le domaine le moins soutenu ? »

Nicolas Bourriaud, le directeur du centre d’art MOCO à Montpellier, pense également que les propositions du gouvernement pourraient être améliorées. « Cette impression que la culture devrait être réduite à des lieux de spectacle vivant me semble être la négation de ce que la crise de Covid-19 nous a appris », dit-il. « La gestion de ces publics n’est pas une question de culture, mais de logistique ».

Katerine Louineau, artiste membre du CAAP, comité pluridisciplinaire et syndicat des artistes et des auteurs, s’étonne que Macron envisage de réinventer la culture en « oubliant ses acteurs principaux : ceux qui créent les œuvres d’art aujourd’hui », ajoutant que « le CAAP déplore que nous n’ayons pas été spécifiquement consultés par le gouvernement ».

Camille Morineau, la fondatrice de l’association AWARE (Archives des femmes artistes, recherches et expositions) basée à Paris, espère que les aspirations de Macron refléteront la diversité raciale et la parité entre les hommes et les femmes artistes : « Espérons que les commandes respectent la diversité, en particulier la parité, car le New Deal [de Roosevelt] favorisait une majorité d’hommes.

AWARE, comme beaucoup d’autres institutions indépendantes, a pris en main la question du soutien aux artistes. L’association s’est associée au Centre national des arts plastiques (CNAP) pour lancer un appel à projets de performances de femmes artistes autour du thème « La vie bonne ». Les dix artistes lauréates recevront chacune 5 000 euros et les coûts de production pourront atteindre 2 000 euros.

Le CNAP a également lancé un comité d’acquisition « exceptionnel », doté d’un budget global de 600 000 euros, pour acheter des œuvres d’artistes françaises provenant de galeries françaises « qui ont vu leur participation à une foire annulée ou des expositions dans des galeries annulées en raison de la fermeture [pendant la quarantaine] ». Les galeries d’art, de photographie, d’art décoratif et d’artisanat ont été invitées à faire un maximum de deux propositions, entre le 14 et le 30 avril, chaque œuvre ne devant pas coûter plus de 25 000 euros. Le comité des expositions sélectionnera les gagnants le 12 juin 2020.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici